samedi, novembre 04, 2006

Je crois boire un vin de Bohême [...]

Critique Partiale, Politique et Passionnée...

Trop longtemps, son oeuvre ne se résumait qu'à ces poèmes qui ont révolutionné le vers de la langue de Molière... Mais Charles Baudelaire n'est pas de ces hommes de lettre qui ne se cantonnent qu'à un seul domaine. Il eût été dommage qu'une plume aussi aiguisée et agile ne s'essaye pas à la critique d'art ! J'ai été contraint de lire un auteur qui ne me tentait guère : contre mon gré, j'ai donc entamé ce florilège de critiques rassemblées pour le bonheur du lecteur averti. Je me dois de faire mon mea culpa... Comment ai-je pu, jusque-là, me considérer étudiant en histoire de l'art, sans avoir lu un texte qui porte en lui les fondements modernes d'une vision de l'art ?

Rempli de parti pris, cet homme n'en est pas moins un des plus grands critiques d'art qui aient pu exister. Tellement de superlatifs pourraient le qualifier tant cet homme était l'excès personnifié sans son travail ! Le travail qui est d'ailleurs une de ces notions qu'il dit haïr, tout comme la procréation qu'il met dans le même panier. C'est pour cette raison qu'il va prôner les figures du Dandy - qui n'a dautre but que celui de parcourir nonchalemment la piste du bonheur - et de la Lesbienne - qui a bien d'autres chattes à fouetter que de se préoccuper d'enfantement - et c'est pourquoi ces modèles de vie vont lui servir dans la quête d'un idéal esthétique.

Sortir du lot et faire sa place au soleil...

Ce XIXe siècle est un vivier de boucs émissaires auxquels l'auteur va s'attaquer dans un souci de reconnaissance... Et pour ce faire il n'hésite pas à s'en prendre à des pointures tels Victor Hugo ou Horace Vernet. Est-ce qu'on peut penser l'écrivain prétentieux pour prétendre posséder la science infuse et ainsi décrier ces hommes chéris de tous ? On peut légitimement se poser la question mais il n'en est rien. Il se devait de passer par ce stratagème tant la littérature de cette époque a offert à ses contemporains un nombre incalculable d'hommes de plume.

Il a porté aux sommets un certain Eugène Delacroix dont il a fait un héros moderne et romantique pour tenter de dévoiler l'illusion d'un monde faussement comblé par le dieu progrès. La nature n'est plus salvatrice. Il faut rendre compte d'un aller simple vers un avenir noirci par l'idée que le retour vers un âge édenique est impossible. Le peintre va illustrer les idées profondément ancrées de son alter ego de lettre. Baudelaire va s'approprier l'oeuvre de Delacroix pour en faire un poète de la vie moderne et ainsi dénoncer ces dogmes qui aveuglent le peuple depuis trop longtemps.

J'ai dévoré ces quelques 500 pages et m'apprête à commencer les fleurs du mal qui ne me décevront pas, j'en suis sûr. Aborder ces poèmes qui cinglent et fouettent me fait saliver. Je n'aurai pas assez des quelques pauvres dizaines d'années qui me reste pour sonder l'esprit ô combien compliqué et passionnant de ce grand monsieur qui savait manier l'entre-deux-lignes comme personne. Je m'ordonne au moins de rattraper le temps perdu...

[...] Amer et vainqueur

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