Sur Le Même Bateau
jeudi, novembre 09, 2006
A l'abordage !
Sur Le Même Bateau
samedi, novembre 04, 2006
Et la Couleur fut
Parcourir un musée ou comment traverser les âges sans effort.
L'escalier se pare de trois oeuvres transitoires et pas des moindres. Elles trônent fièrement et nous toisent de leur signature ô combien fameuse et dont elles peuvent être fières. Trois toiles de M. Ingres qui s'offrent comme pour s'excuser de nous avoir fait attendre et qui précèdent directement le pourquoi de notre venue... Le portrait de M. Granet, Jupiter et Thétis et une aquarelle qui laissent pantois tant la technique est maîtrisée et les contours si léchés. Si la direction avait pour but, en les suspendant ici-même, de nous accomoder au génie, c'est réussi... Mais si l'amorce de l'exposition est envoûtante, la suite n'en sera que plus fascinante et enchanteresse...
Je crois boire un vin de Bohême [...]
Ce XIXe siècle est un vivier de boucs émissaires auxquels l'auteur va s'attaquer dans un souci de reconnaissance... Et pour ce faire il n'hésite pas à s'en prendre à des pointures tels Victor Hugo ou Horace Vernet. Est-ce qu'on peut penser l'écrivain prétentieux pour prétendre posséder la science infuse et ainsi décrier ces hommes chéris de tous ? On peut légitimement se poser la question mais il n'en est rien. Il se devait de passer par ce stratagème tant la littérature de cette époque a offert à ses contemporains un nombre incalculable d'hommes de plume.
Il a porté aux sommets un certain Eugène Delacroix dont il a fait un héros moderne et romantique pour tenter de dévoiler l'illusion d'un monde faussement comblé par le dieu progrès. La nature n'est plus salvatrice. Il faut rendre compte d'un aller simple vers un avenir noirci par l'idée que le retour vers un âge édenique est impossible. Le peintre va illustrer les idées profondément ancrées de son alter ego de lettre. Baudelaire va s'approprier l'oeuvre de Delacroix pour en faire un poète de la vie moderne et ainsi dénoncer ces dogmes qui aveuglent le peuple depuis trop longtemps.
J'ai dévoré ces quelques 500 pages et m'apprête à commencer les fleurs du mal qui ne me décevront pas, j'en suis sûr. Aborder ces poèmes qui cinglent et fouettent me fait saliver. Je n'aurai pas assez des quelques pauvres dizaines d'années qui me reste pour sonder l'esprit ô combien compliqué et passionnant de ce grand monsieur qui savait manier l'entre-deux-lignes comme personne. Je m'ordonne au moins de rattraper le temps perdu...
[...] Amer et vainqueur